Paringaux, Philippe by It's only rock'n'roll & autres bricoles

Auteur:It's only rock'n'roll & autres bricoles [bricoles, It's only rock'n'roll & autres]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Les mots et le reste
Publié: 2013-12-29T05:00:00+00:00

Musique blanche. Totalement. Pas de blues, pas même de traces de blues, mis à part un ou deux morceaux (ou ébauches de morceaux) d’origine noire, mais tellement bien accommodés à la sauce Byrds qu’ils trouvent sous leurs doigts une autre identité, une autre couleur, une légèreté qui n’était pas leur lot l’origine.

La moitié blanche du rock and roll s’appelle Byrds. Une dialectique tout à fait différente de celle des musiciens noirs, une musique élégante plutôt que lourde, moins réaliste, moins imprégnée de tragédie. Pas moins intéressante. Une vision du monde plus distanciée, moins prisonnière de problèmes urgents (comme la couleur d’une peau), la possibilité de se livrer à quelques expériences et de faire un tri ensuite. Mais la terre n’est pas loin. Les Byrds d’aujourd’hui ne sont plus tout à fait ceux de Fifth Dimension, qui cherchaient la spiritualité dans des petites boules de cristal colorées. Aujourd’hui, les temps et les gens (du groupe) ayant changé, les Byrds semblent tendres de nouveau vers ce country & western qui les a toujours attirés (on se souvient de l’album Sweetheart Of The Rodeo, paru en 68, entièrement consacré à cette musique), sans doute parce que les trois nouveaux membres du groupe viennent d’horizons où l’on entend plus les banjos que les guitares électriques. Certains regrettent cette évolution qu’ils qualifient de régression. La manière dont les Byrds utilisent les bases d’un folklore pour jouer leur rock and roll ne me semble pas avoir quoi que ce soit de rétrograde. Le country and western d’un Merle Haggard ou d’un Johnny Cash est certainement très réactionnaire, celui des Byrds ne l’est en rien. Tous ceux qui connaissent cette merveilleuse chanson qu’est « Drug Store Truck Drivin’ Man » (de l’album Dr Byrds And Mr Hyde) se souviennent de ces mots de McGuinn : « Il est conducteur de camions de drugstore, il est le chef du Ku-Klux-Klan... Il a été comme un père pour moi, mais maintenant je joue dans un groupe de rock et je ne comprends pas pourquoi il ne m’aime plus ». Est-il rétrograde de jouer le blues ? Pas plus. Chacun s’exprime à sa façon. Les Byrds jouent de la musique heureuse, un rock and roll dont l’inspiration campagnarde ne saurait masquer l’intelligence, souvent même le raffinement. Ce country-là a été revu et corrigé dans l’ambiance de la Californie.

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